Je suis Lucie, bijoutière et sertisseuse de formation. Au début, mon intérêt pour le bijou était surtout artisanal, avec des matériaux "classiques", métaux et pierres. J'ai participé à des concours, j'en ai gagné, je suis plutôt douée en tant qu'artisane, mais je savais que cela n'étais pas "vibrant" comme motivation. Ce que je visais depuis toujours était la création.

Puis j'ai commencé à m'intéresser au design d'objet, tout particulièrement le design des années 60, triomphe du plastique et de ses dérivés, formes exagérées mais pourtant bien pensées. Verner Panton, Eero Aarnio: c'est révélé, je veux faire du plastique... de la couleur ! Des formes rondes, des bagues abusivements grandes, des bijoux qui se voient ! J'ose comparer ce genre de manifeste avec celui de Memphis Milano, le groupe de design et d'architecture Italien créé dans les années 1980 par Ettore Sottsass, qui à eu parmi ses rangs Michele De Lucchi ou encore Marco Zanini. Ce qui fais de Memphis Memphis, c'est qu'il ne proposait pas des utopies. Il ne se posait pas, comme ont pu le faire les artistes de l'Avant-garde radicale (Kandinsky, Malevitch, Duchamp...), dans une position critique à l'égard de la conception; il ne pratiquait pas le design comme une métaphore idéologique. Le groupe proposait plutôt le design comme un moyen de communication directe. Il franchit la première étape vers la recomposition d'une culture de conception ouverte et flexible, au courant de l'Histoire, conscient de la consommation comme une recherche de l'identité sociale et de l'objet, comme un signe par lequel un message est transmis.

Transmettre un message, celui d'une société malade, abusive et en déclin total, celle de personnalités qui cherchent à se démarquer jusqu'à la perte d'une identité commune. A la méthode de Memphis, je chercherais à sortir du carcan du bijou "traditionnel", celui qui est discret, celui qui se fond dans la masse, pour arriver à un objet qui se colle au corps comme un postiche, une prothèse criarde, "un point sur le nez".

Inspirée également par le mouvement punk et sa mode dans les années 70, les Sex Pistols et leur styliste Vivienne Westwood, qui utilise ces groupes à la fois pour promouvoir sa ligne de vêtements et son magasin mais aussi pour exposer ses idées politiques à travers ses créations. Des défilés faisant office de manifeste de son point de vue sur la culture et la politique.
Puis viennent les années 90, l'arrivée de la musique électronique et de la culture Techno, musique sans paroles, parfois même sans mélodie qui offre, dans son caractère abstrait, différentes possibilités d’interprétation et laisse grande place à la danse et à l'extase. La Love Parade, entre autres, créée le slogan Love, Peace & Unity, à la manière du mouvement Hippie des années 70. Dans le cadre de la commercialisation, des différences de conception de la musique controversées dans la scène Club, sont apparues. Au niveau de la philosophie nommée plus haut, on remarque une augmentation d’une posture de consommation, suivant la devise « plus haut, plus vite, plus loin ». Des modèles caractéristiques s’établissent aussi rapidement dans la culture techno. Ceux-ci sont souvent associés aux notions de la société du plaisir. Leurs priorités sont principalement les consommations récréatives et le divertissement. Avec un public aux tenues criardes et colorées, les personnes se différencient de la génération de leurs parents et veulent que leur joie de vivre soit remarquée. Les sujets populaires étaient la plastique-esthétique, différents styles de fétichistes, des accessoires sexuels comme des harnais de sangles de cuirs ou des chokers.

Ayant moi même participé à des soirées techno Parisiennes, Berlinoises ou Belges, ce mouvement à fortement participé à l'emancipation de ma vision du Bijou. Ces gens enchainés, à la limite de la possession, dansant interminablement sur des sonorités métalliques, aux tenus légères et à la liberté sexuelle débridée, m'inspirent au plus au point.

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